Démanteler la culture de la guerre : comment la militarisation modèle notre vie quotidienne

Par David Andersson 

Nous vivons un moment particulier où les médias dominants veulent vous faire croire que le monde est en état de guerre permanent, même lorsque vous vous promenez paisiblement dans votre rue. Votre téléphone vous envoie sans cesse des images de bombardements. Les chaînes d’information et les hommes politiques vous mettent constamment en garde contre un danger imminent. 

C’est ainsi que se construit une culture militaire. Et depuis plus de vingt ans, le complexe militaro-industriel a fait un travail remarquable pour s’ancrer dans nos esprits. Nous sommes amenés à croire que l’armée existe pour nous « défendre » et maintenir la « paix », avec des ministères de la défense et des forces de maintien de la paix de l’ONU qui masquent leurs véritables opérations. Aux États-Unis, chaque État est désormais intégré à cette machine militaire, avec des usines d’armement dont les politiciens vantent fièrement les mérites de « créateurs d’emplois ». Hollywood glorifie l’armée, présentant régulièrement les soldats comme des héros nationaux.

L’OTAN a récemment conclu « avec succès » son sommet en obtenant de chacun de ses membres un engagement de dépenses militaires de 5 % du PIB. L’Italie vient d’adopter une nouvelle loi élargissant les pouvoirs de la police et de l’armée pour réprimer les « vilains » manifestants. Aux États-Unis, Trump a déployé la Garde nationale contre des manifestations à Los Angeles et a ouvert un nouveau centre de détention, surnommé « Alligator Alcatraz », spécialement conçu pour les migrants en attente d’expulsion.

La culture militaire est profondément ancrée dans les politiques. De nombreux politiciens soutiennent ouvertement l’establishment militaire, s’y engagent ou en font eux-mêmes partie. Les institutions religieuses apportent également leur soutien aux formations militaires, le clergé et les fidèles y servant activement. L’éducation a également été militarisée : des recruteurs militaires se rendent dans les écoles, des officiers donnent des conférences dans les universités et des universitaires consacrent des carrières entières à détailler les moindres détails des guerres. Aux États-Unis, le département de la défense (DOD) et les établissements d’enseignement supérieur entretiennent depuis longtemps une relation symbiotique, le DOD finançant d’importantes recherches universitaires dans des domaines tels que l’intelligence artificielle, les armes autonomes et l’informatique avancée afin de relever les défis en matière de sécurité nationale.

L’industrie technologique est pleinement engagée dans le développement militaire, en construisant des drones et des systèmes de surveillance fonctionnant à l’aide de l’IA. Les institutions scientifiques ont développé la bombe atomique sous la bannière de la « dissuasion ». Les villes déploient des forces de police de type militaire contre leurs propres populations. Même les cartels de la drogue ont adopté des stratégies militaires pour s’étendre, et certains mouvements politiques entretiennent des branches armées.

Si vous vous demandez comment nous en sommes arrivés à la catastrophe actuelle en Israël et en Palestine, la réponse est simple : Israël est une société militarisée. Le service militaire est obligatoire : 32 mois pour les hommes et 24 mois pour les femmes, suivis d’années de service de réserve. L’armée n’est pas seulement une structure, c’est la culture qui façonne l’État dans son ensemble.

Nous célébrons ces personnes comme des héros qui font le « sacrifice ultime » – alors que nous consacrons rarement une journée pour honorer les enseignants, les infirmières, les médecins ou les agriculteurs.

Il y a une profonde ironie dans le fait que les gouvernements allouent aujourd’hui des budgets pratiquement illimités aux dépenses militaires, alors qu’ils n’offrent aucun financement comparable pour le développement de la non-violence. Il n’y a pas de grands investissements, pas de programmes nationaux, pas de ministères dédiés à la construction de la paix, à la réconciliation ou à la culture de la non-violence dans la vie quotidienne. Cette situation contraste avec la Renaissance européenne, une révolution culturelle généreusement financée par des rois et des dignitaires qui, en dépit de leurs propres contradictions, ont investi massivement dans les arts, la science et la philosophie. Ils reconnaissaient, du moins en partie, le pouvoir de la culture pour façonner la civilisation. Aujourd’hui, nous consacrons des milliards au perfectionnement des armes, mais nous n’investissons pratiquement rien dans la création des conditions d’un avenir non violent. Cette absence n’est pas accidentelle : elle reflète les priorités d’un système obsédé par le conflit. 

Les guerres ne sont pas des accidents. Elles sont fabriquées. Il ne suffit pas d’appeler à la paix pour les arrêter. Nous devons démanteler la culture de guerre ancrée dans nos villes, nos villages, nos familles et nos quartiers. Renvoyer les politiciens qui proposent des solutions militaires. Exiger la fermeture des bases militaires. Transformer les académies militaires en écoles de non-violence et de paix. Réorienter les impôts des budgets militaires vers des services sociaux vitaux tels que le logement, les infrastructures, la santé et l’éducation. 

Les guerres sont les métastases d’une dépendance mondiale à la violence, un cancer culturel que nous devons affronter et guérir.

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